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julie navarro
9 juillet 2010

article de paris-art.com par nicolas Villodre

Julie Navarro, extrait de la série «Surpris par la 
nuit»<br><br>Courtesy Julie Navarro © Julie Navarro                   Julie Navarro
La Pelle et la pioche
17 juin-20 juin 2010
Montreuil. Chaudronneries de Montreuil
Julie Navarro a exposé une partie de sa production photographique dans le cadre de la première édition de la manifestation «La Pelle et la pioche du 18 juin» qui s'est tenue aux Chaudronneries de Montreuil recyclées en espaces culturels par Richard Choukroun.

         
            imprimer               

 

   

carre_rouge  Par Nicolas Villodre

Lyonel Kouro, G.G. Lefève et Jh. Meunier avaient invité un certain nombre d'artistes,  qui à accrocher leurs photos (Marion Dalas, Pierre Montagnez, Anthony Valon, Julie Navarro) ou leurs peintures, qui à disposer dans les vastes hangars leurs sculptures, qui à projeter leurs vidéos sur le grand écran fixé sur le mur situé près du bar (notamment l'hommage à Maurice Cullaz rendu par Jean-Henri Meunier). La nuit venue, on pouvait assister à des concerts de musique pour jeunes, apparemment programmés par le producteur «multikulti» Martin Meissonnier (Dada Roots, Nif, V-maxx... Ray Lema).

Julie Navarro est à la fois peintre, photographe et adjointe à la Culture à la Mairie du XIXe arrondissement de Paris. Elle a plusieurs expositions personnelles de peinture à son actif. Ses photos sont proches de ses tableaux. Non seulement les œuvres se rejoignent par leur thématique (notamment le sujet des vieilles), par leur genre (la spécialité du paysage), mais par le regard porté sur le monde: elle est proche et lointaine de son objet, et se tient à une assez courte distance.

Ses paysages forestiers sont parfois bel et bien floutés. On pourrait les qualifier de post-romantiques. Il semblerait, en effet, que la vision de Julie Navarro soit teintée d'une mélancolie qui n'appartient qu'à elle. Les teintes sont de fait éteintes. 

Les punctums (ou plutôt puncta) rouges sur fond verdâtre, qu'on pouvait déjà relever sur certains de ses collages anciens comme celui qu'elle a intitulé Un tout petit cheval, rappellent les interventions de type «land art» d'un Miguel Egaña — en particulier les «feuilles-scies» métalliques peintes en un rouge très vif, installées par ce dernier dans le parc du château de Chamarande.

Sauf qu'ici, sur les photos couleur aux modestes formats, les petits disques rouges ne sont pas in situ, perdus dans la nature, mais résultent d'interventions graphiques (hypergraphiques, diraient les lettristes) précises, minimalistes, dans une tradition inaugurée sans doute par Man Ray (Le Violon d'Ingres, 1924). Ces œillets jurent, heurtent ou choquent... l'œil du spectateur.

Ils confèrent un aspect anthropomorphique ou, plutôt, zoomorphique aux phénomènes topographiques que Julie Navarro a décidé de privilégier, en les cadrant ou les isolant au moyen de l'objectif: la forme d'une branche rappelle une tête animale, les yeux rougis alignés semblent être ceux de chouettes, le point rouge sur un tas informe paraît être celui d'un renard à l'affût. Le paysage est ici purement mental et la photo, pictoriale.

Le diptyque photographique accroché nettement au-dessus de ces parties de campagne ou de cette série «védutiste» part du portrait d'une vieille femme, au visage austère, vêtue de sombre, trouvé dans un grenier, préservé de l'oubli grâce à la numérisation. Est-ce pour insister sur les travaux «féminins» d'aiguille?, Julie Navarro a noué quelques brins de laine aux couleurs vives au sommet du crâne du personnage, formant une crête et donnant à la vieille femme un aspect... punk.

Ces deux photos sont bizarres, énigmatiques. Pas du tout cousues de fil blanc.

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julie navarro
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